Guingoï : Collections et Culture
Posted on 9 janvier 2012 by collectionneur
Ce brave Clovis, qui ne connaissait ni l’autocuiseur, ni le four à micro-ondes, ni le lecteur C.D., avait bien du mal à trouver un cadeau d’épousailles pour la belle Clotilde, élue de son cœur.
A court d’idées et un rien radin, il décida de lui offrir symboliquement les deux monnaies les plus couramment en circulation dans le royaume des Francs : Un Sol et un Denier. C’était alors l’équivalent de treize deniers puisque le sol en valait douze. La longue histoire du Treizain venait de voir le jour, et perdurerait jusqu’à la fin du 18è siècle.
Les origines sont lointaines mais peu à peu des règles s’étaient bien établies. Au cours de la cérémonie de mariage, le jeune époux se devait de remettre au célébrant, treize pièces de un denier. (Treize, symbole religieux de la cène : Jésus-Christ et les 12 apôtres.) Le prêtre les bénissait, prélevait un denier pour l’église, et remettait les douze deniers restant à l’épousée…. Et le treizain devenait douzain !
Progressivement, les deniers offerts ne seront plus issus de la monnaie courante. On créera des pièces de pure fantaisie, qui imiteront la monnaie, et qui figureront toujours le symbole de l’union indéfectible. Les légendes porteront, gravées sur l’avers : DENIER A ESPOVSER, et sur le revers, au choix des jeunes mariés, :-UNIS A JAMAIS – UNIS DANS LA FOI – CE N’EST QU’UN DE NOUS DEUX – UNE SEULE FOI DE NOS DEUX CŒURS – etc…il se fabriquait aussi des piécettes frappées sur une seule face et destinées à être soudées dos à dos : les Bractéates. C’est alors cet ensemble de treize deniers à espouser identiques, présentés dans leur très jolie petite boite d’argent, plus rarement en or, qui portera le nom de treizain.
Pour la petite histoire, et comme toujours, il y aura des excès. Pour afficher son opulence, on citera tel riche héritier, qui offrira treize douzaines de pièces d’or, ou cet autre prétendant qui lui, offrira treize cents pièces d’argent ! Mais restons humbles et pensons à la plus miséreuse des bergères qui ne se mariait pas sans son treizain…fut-il de gros sous ! Toujours dans les anecdotes, il faut croire qu’à l’époque le champagne ne nourrissait pas son curé, puisque l’évêché de Reims autorisait le célébrant à prélever dix des treize deniers !
Au 19è siècle le rituel du treizain semble se perdre, mais les coutumes sont tenaces, et alors même que le denier n’existe plus, on le remplacera par douze pièces d’or ou d’argent. Plus tard on frappera de superbes médailles de mariage, mais c’est un autre sujet de collection.
Les historiens et les experts en numismatique s’accordent à dire que la coutume du treizain fut enterrée à l’aube du 20è siècle, mais nous en Aquitaine nous nous inscrivons en faux, nous savons bien qu’il est encore fréquent, principalement dans le Bordelais que le marié offre une ou plusieurs pièces d’or à son épouse, et les prêtres de Bergerac vous diront qu’il n’est pas rare de voir le futur marié joindre une pièce d’or dans le plateau de bénédiction des alliances.
Alors interrogeons-nous : A quoi sert ce cadeau profane dans une cérémonie religieuse ? Et bien les réponses nous offrent une version confessionnelle : » Pour prier Dieu qu’il lui plaise de bénir le travail des mariés et leur accorde suffisance de bien « … et une réponse laïque : » Pour faire bon usage des biens matériels, les consacrer aux choses justes, et emprunter des voies justes pour les obtenir.
Rituel de mariage : Le denier pour épouser
25/11/12
« Denier pour épouser » XVIe ou XVIIe siècle.
Inscription : « CE QUE DIUE ACONGOINT LOME NE SEPARE POIN »
Trouvé en 1910 lors de la démolition des maisons de la place du marché de Bédarieux.
L’usage du denier pour épouser semble remonter au Ve siècle.
Nous reproduisons ci-après l’article paru sur le site :
Les collectionneurs Bergeracois
Des informations concordantes figurent aussi dans liens ci après traitant :
et du Treizain